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Retraite : nouveau retard pour la réforme de tous les dangers !

Retraite : nouveau retard pour la réforme de tous les dangers !
Le 07 janvier 2019
Les discussions sur la réforme des retraites devaient reprendre cette semaine. Pour cause de grand débat national, elles ne reprendront finalement que le 21 janvier. Des débats qui s'annoncent explosifs sur fond de grogne sociale !!

Trève des confiseurs et gilets jaunes obligent, les discussions avec les partenaires sociaux s'étaient interrompues. Officiellement pour laisser la priorité au grand débat national annoncé par le Président Emmanuel MACRON, elles ne reprendront qu'à compter du 21 janvier. Et si pour Matignon le cap n'a pas changé, pour un haut responsable syndical en revanche "Tout reste à faire, nous en sommes à peine à l'apéro". Et pour cause ! Si les grands principes ont été fixé fin 2018, reste à les mettre en musique et ce n'est qu'en ce début janvier que Jean-Paul DELEVOYE, Haut Commissaire à la Réforme des Retraites, va réellement entrer dans le vif du (des ?) sujets avec les partenaires sociaux... 

Quels sont les grands principes arrêtés pour la réforme des retraites ?

L'objectif de la réforme est clairement d'aller vers plus de simplicité et d'équité. Les 42 régimes actuels vont donc être fusionnés en un seul et même régime ; le système devrait rester un système par répartition, c'est-à-dire que les salariés d'aujourd'hui assureront les pensions des retraités d'aujourd'hui via leurs cotisations ; les pensions devraient être calculées sur l'ensemble de la carrière et prendre en compte certains aléas entraînant notamment des interruptions de carrière (chômage, formation, maternité, expérience en libéral ...).

Il n'empêche que si tout le monde, Gouvernement, Partenaires sociaux et citoyens compris, sont globalement d'accord sur les grandes lignes de la réforme, véritable serpent de mer depuis les années 80, comme sur le principe même de sa nécessité, les négociations s'annoncent explosives sur fond de contestation sociale.

Est-que l'âge légal de départ à la retraite va être repoussé ? 

En principe, non. C'est d'ailleurs par les conditions d'ouverture des droits, c'est-à-dire à quel âge pourra-t-on partir en retraite et à quelles conditions, que devraient s'ouvrir les négociations cette semaine. Or, le Président Emmanuel MACRON a récemment rappelé son attachement au fait que l'âge de la retraite ne devrait pas être reculé. L'âge de départ à la retraite devrait donc rester fixé à 62 ans. 

Mais rien n'empêche l'instauration d'un système de bonus/malus afin d'inciter les salariés à reculer l'âge de départ en retraite de manière à toucher leur pension à taux plein, ou tout simplement à toucher une pension bonifiée. Ce qui, dans les faits, revient repousser l'âge de départ en retraite. Une ligne rouge que beaucoup de syndicats, y compris les plus favorables à cette réforme, ne sont pourtant pas prêts de franchir...

Que deviendront les pensions de réversion ? 

La pension de réversion est la pension versée au conjoint survivant d'une personne décédée qui aurait bénéficié d'une pension. Et c'est le second volet très sensible sur lequel Matignon est demeuré extrêmement flou. "Les futurs veuves et veufs, retraités actuels, garderont les règles de leur réversion" s'est contenté d'assurer Jean-Paul DELEVOYE. La question semble donc tranchée pour les retraités actuels. Oui mais... Et pour les autres ?

Pour Bercy, en recherche d'économies, la tentation est grande de tailler dans ces pensions de réversion qui représentent aujourd'hui près de 36 milliards d'euros, soit 12% environ de l'ensemble des dépenses liés aux retraites. D'autant que même les partenaires sociaux le reconnaissent : "Il y a aujourd'hui à peu près autant de règles que de régimes ce qui donne lieu à des situations ubuesques : une femme divorcée par exemple perd ou non ses droits en fonction du régime actuel auquel elle appartient". 

Jean-Paul DELEVOYE ne fait d'ailleurs aucun mystère sur l'orientation qu'il souhaite donner à la réforme : " la mise en place du système universel nous donne l'opportunité d'appliquer des règles identiques aux treize systèmes de réversion actuels" a-t-il ainsi rappelé. Reste que, pour les partenaires sociaux, uniformisation ne signifie pas coupe budgétaire. Le débat visera donc à uniformiser mais sans chercher à faire des économies à tout prix.

La réforme va-t-elle vraiment se faire à budget constant ? 

La question de la réduction des dépenses de retraite est d'ailleurs au cœur des interrogations aujourd'hui. Si le Président MACRON a toujours soutenu qu'elle se ferait "à budget constant" et qu'il était hors de question de réduire les dépenses de retraite, il n'empêche que les partenaires sociaux s'inquiètent. Comment "peut-il encore tenir cette promesse après avoir lâché plus de 10 milliards d'euros pour faire face à la crise des gilets jaunes ?" se demandent certains syndicats, y compris parmi les plus favorables à cette réforme. A moins que, contrairement à ce qu'il a toujours annoncé jusqu'ici, la réforme des retraites ne soit pas adoptée sur l'année 2019...

Quoi qu'il en soit "on attend de pied ferme tous ces éléments pour pouvoir enfin passer des principes aux simulations concrètes et voir s'il n'y a pas trop de perdants" prévient un haut responsable syndical. Car le Haut-Commissaire va devoir très vite préciser la valeur du point, les critères d'indexation et la gouvernance du dispositif... Autant dire qu'après plus de 6 mois et 200 heures de discussion, les choses sérieuses ne font que commencer !!

                                                                                                                                                                                    Ingrid Tronet

Tronet Conseils, ingénierie en stratégie RH et développement