PIMKIE : pourquoi les syndicats s'inquiètent d'une possible restructuration du département prêt-à-porter ?
Aussitôt annoncée, aussitôt enterrée ! La Direction de PIMKIE a confirmé mardi soir, après une réunion très tendue depuis le début, que le projet de rupture conventionnelle collective présenté la veille en Comité Central d'Entreprise avait été rejeté par les syndicats (la CFDT ayant rejoint la CGT et FO, la CFE-CGC représentant 25% des salariés n'a même pas eu à se prononcer ndrl). La réunion s'est conclue par la signature "d'un accord de méthode avec les représentants syndicaux" qui "permettra de poursuivre les négociations des mesures sociales d'accompagnement du projet de transformation de PIMKIE" a expliqué la Direction dans son communiqué.
Les syndicats, eux, craignent surtout d'éventuels licenciements économiques et la mise en place d'un plan de réorganisation plus global du pôle habillement de l'Association Familiale MULLIEZ, conséquence de la mise en place du nouvel ensemble FASHION 3 cet été...
La division prêt-à-porter du Groupe MULLIEZ à la peine face à une concurrence très agressive.
Pour bien comprendre. Le département habillement de l'Association Familiale MULLIEZ (AFM) est composé d'enseignes de prêt-à-porter féminin (PIMKIE, GRAIN DE MALICE, ROUGE-GORGE, ORSAY), et d'enseignes de prêt-à-porter masculin (JULES, BRICE, BIZZBEE), ainsi que de KIABI, leader français de l'habillement avec 1,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires et près de 6.000 salariés en France.
L'ensemble est évalué à plus de 3 milliards de Chiffre d'Affaires et emploie environ 19.000 salariés dans le monde. Mais depuis cinq ans, on constate une baisse globale du budget habillement des consommateurs (sur 2017, il a même baissé de -6,2%) liée non seulement à la concurrence agressive de géants mondiaux type H&M ou ZARA, mas également à un changement des habitudes de consommation de plus en plus orientées vers le web et internet.
PIMKIE a ainsi du essuyer une baisse de 10% de son Chiffre d'Affaires sur 2017 et affiche depuis trois ans des pertes qui devraient permettre de justifier sa réorganisation, et notamment la suppression des 208 postes prévus ainsi que des 37 magasins en France (94 pour le reste de l'Europe annoncées). On se souvient qu'en 2016, c'était GRAIN DE MALICE (anciennement XANAKA) qui avait supprimé 117 postes et fermé 39 boutiques.
Or, en juillet dernier, Jean-Christophe GARBINO, ancien président de KIABI, a été nommé à la tête du fameux nouvel ensemble Fashion 3 avec pour mission de mener une réflexion sur "un écosystème de marques d'habillement autonomes, coopérantes et interconnectées", la "recherche de synergies" entre les marques, en particulier en terme d'achats, afin de les "propulser vers l'économie d'aujourd'hui" (ndrl : KIABI est pour l'instant exclue de cette réflexion).
Qu'est-ce qui fait craindre aux syndicats une réorganisation globale du pôle prêt-à-porter du groupe MULLIEZ et de nombreuses suppressions d'emplois en France ?
Il a été remplacé à la tête de l'enseigne par Christine JUTARD, ancienne DRH de KIABI qui, à peine nommée, a mandaté le Cabinet PROSPHERES pour élaborer un plan de réorganisation de PIMKIE.
Or, PROSPHERES n'est pas seulement un cabinet spécialiste du retournement d'entreprises (TATI, AGATHA). C'est aussi, voire surtout, le cabinet qui a rédigé et piloté le plan de restructuration de GRAIN DE MALICE en 2016 et qui vient de rentrer au sein de JULES (enseigne d'HAPPYCHIC dont l'emblématique Directeur Général Gauthier WATTRELOT a quitté ses fonctions cet été). C'est enfin un Cabinet qu'Eric FOUCAULT, actuel n°2 de PIMKIE, connaît bien puisqu'il en a lui-même été le Directeur...
Un ensemble de coïncidences troublantes et un jeu de chaises musicales qui font dire à Valérie PRINGUEZ, déléguée CGT et Secrétaire du CE de PIMKIE que "Tout est lié à la mise en place cet été du programme Fashion 3, une réflexion globale à l’ensemble des enseignes d’habillement de la galaxie Mulliez menée par l’ancien patron de Kiabi Jean-Christophe Garbino. L’objectif à terme est de centraliser et de créer des mégastores. Ce qui arrive chez Pimkie est arrivé l’an passé chez Grain de Malice. »
Une analyse que dément évidemment Eric FOUCAULT qui explique pour sa part que "La restructuration de PIMKIE n'a aucun lien avec FASHION 3 ou avec les autres enseignes du pôle prêt-à-porter du groupe. PMKIE a des problématiques qui lui sont propres. La réorganisation entamée n'a rien à voir avec les autres enseignes."
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