Le blues des inspecteurs du travail inquiets de l'avenir de leur métier (2/2)
Le travail des inspecteurs du travail est souvent vécu comme inutilement intrusif par les employeurs. "Ca se passe rarement bien" explique l'un de ces agents du ministère du Travail. "Ils ne nous aiment pas, alors que vu le ratio entre inspecteur et entreprises, les probabilités de nous voir débarquer sont quand même infimes". L'arrivée dans les entreprises se fait souvent sur fond d'insultes voire de menaces, regrettent ces professionnels qui se sentent de moins en moins soutenus par leur Tutelle. Car au-delà d'un contexte politique qui conduit selon eux les chefs d'entreprises à contester leur légitimité d'une manière de plus en plus ouverte et décomplexée, tous dénoncent une baisse constate des effectifs alors que les textes à faire respecter se démultiplient.
Des réductions de personnels qui entraînent un éloignement du terrain dont souffrent les inspecteurs du travail.
Faire respecter le code du travail serait donc de plus en plus difficile assurent-ils. "Chaque année apporte son lot de non renouvellement de postes" se plaint Julien Boeldieu (secrétaire national du premier syndicat du ministère du Travail, le SNTEFP-CGT). "Cette année, seulement 27 nouveaux inspecteurs sont formés pour l'ensemble de la France".
Un renouvellement manifestement insuffisant pour stopper l'hémorragie des départs. En 2010, l'inspection du travail comptait 2.156 agents de contrôle. Aujourd'hui, il ne sont plus que 1.700 pour 18 millions de salariés en France répartis dans 1.8 mission d'entreprises. Seule la cellule en charge de la lutte contre le travail illégal a vu ses effectifs être renforcés.
Or, les conséquences de ces réductions d'effectifs dans les équipes dites "généralistes" combinée à l'inflation législative est simple : moins de contrôleur donc plus de charge de travail individuelle, donc moins de présence du le terrain. CQFD.
Un travail de fourmi, peu connu du public, qui s'accorde visiblement de plus en plus mal avec les annonces politiques fracassantes...
"On nous fixe 5 priorité par an. La lutte contre le travail détaché, contre l'amiante, contre le travail dissimulé, les risques de chute et les risques liés aux produits cancérigènes ou toxiques" explique Yves Sinigaglia, élu SUD. "La moitié de notre temps de travail est consacré à ces dossiers avec l'objectif, quasi impossible à tenir, d'effectuer 200 visites annuelles. Pour contrôler la durée du travail, les conditions d'hygiène, l'emploi d'intérimaires, le non-paiement d'heures supplémentaires et j'en passe, il nous faut nous battre pour trouver du temps."
Sans compter que l'inflation législative pousse également ces agents ministériels à potasser pour connaître et comprendre les nouvelles législations et toutes leurs subtilités... Et une fois les figures imposées exécutées, il faut également trouver du temps pour les tâches administratives, le suivi des dossiers, les autorisations de licenciement des salariés protégés, les permanences hebdomadaires destinées aux usagers.... "Nous recevons également des salariés et des chefs d'entreprise deux fois par semaine pour les renseigner sur le code du travail ou sur leur cas précis" complète un inspecteur parisien.
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