Jugement du suicide d’un salarié chez Lidl après une enquête Cash Investigation
Les relations au travail peuvent parfois s’avérer épineuses. Chacun n’est pas égal quant à la gestion de la pression et, des fois, certains peuvent commettre l’irréparable.
C’est le cas d’un employé de Lidl qui n’a pas supporté des conditions inhumaines. Explications.
Le suicide : le résultat d’un mal-être au travail
Le 4 Juillet 2018, l’entreprise de distribution Allemande Lidl a été reconnue coupable du suicide de Yannick Sansonetti, technicien de maintenance sécurité entrepôt de 33 ans, à Marseille.
Cet acte désespéré du salarié, souvent dû au surmenage ou « burn-out » dans le milieu du hard-discount, entraîne des conséquences pour l’employeur.
Le mal-être au travail semble être un mal qui touche de plus en plus de salariés depuis le début des années 2000.
L’évolution des pratiques managériales ainsi que les enjeux financiers des entreprises poussent les managers à essorer leurs équipes afin d’obtenir un rendement optimal, au détriment de leur santé.
Le taux de suicide en France compte comme l’un des plus élevés en Europe. En effet, selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la France possède un taux de suicide de 16,2 pour 100,000 habitants, le taux moyen de suicide en Europe étant de 10,2 personnes pour 100,000 habitants.
Que se passe-t-il en cas de suicide lié au travail ?
Ce phénomène nous pousse à nous poser la question de l’indemnisation de la famille des victimes .
Avant toute chose, il faut rappeler que le suicide a été reconnu comme accident du travail et nécessite un lien direct avec le travail du salarié afin d’être considéré accident du travail.
Lorsque le salarié se suicide (ou tente de se suicider) sur son lieu de travail et pendant ses horaires de travail, il y aura une présomption d’imputabilité du suicide.
Ainsi, il conviendra à l’employeur ou à la Sécurité Sociale de renverser la présomption et de prouver que le suicide était sans lien.
Lorsque ce suicide se produit hors du lieu du travail et hors horaires, il appartiendra à l’auteur ou à ses ayants-droit de prouver que le suicide est en lien avec le travail (une lettre de suicide ou de multiples complaintes, par exemple).
Ainsi, si après une dispute fracassante entre le salarié et l’employeur le salarié se jette dans un chaudron en fusion, le suicide sera prouvé.
En revanche, si le salarié se poignarde en hurlant qu’il ne peut plus supporter sa femme, le suicide n’aura aucun lien avec le travail et ne sera pas imputable à l’employeur.
En l’espèce, le suicide du salarié de Lidl semble très vraisemblablement être lié avec ses conditions de travail et son geste désespéré s’est produit sur le lieu de travail.
En effet, le salarié a été retrouvé pendu à une chaîne dans la pièce des compresseurs.
La société Lidl a donc été condamnée pour « faute grave » et a du verser 90.000€ à la veuve et ses enfants, l'enseigne n'a visiblement pas entendu se justifier devant le TASS.
Cette affaire pousse à se demander comment on peut en arriver là, non sans rappeler le cas de France Télécom dans les années 2008-2009.
Comment une enseigne peut pousser un salarié dans ses derniers retranchements, jusqu’à ce qu’il se donne la mort, dans un but de rendement maximum ?
Quelle est la place de l’humain dans les entreprises de hard-discount ?
Ces questions demeurent en suspens et il ne reste plus qu’à espérer que ce genre de situation serve de leçon pour les techniques de management futures des entreprises.
L’équipe juridique droit-travail-france.fr
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