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Insolite : un employé de Carrefour Côtes d'Armor licencié pour un emballage de sextoy

Insolite : un employé de Carrefour Côtes d'Armor licencié pour un emballage de sextoy
Le 25 juin 2018
Boucher chez Carrefour à Langueux dans les Côtes d'Armor depuis 8 ans, Jimmy vient d'être licencié pour avoir déposé un emballage de godemiché sur le toit de la voiture du directeur du magasin lors d'une manifestation le 31 mars dernier. Explications.

Surprise ce samedi pour les clients de l'hypermarché Carrefour de Langueux, dans les Côtes d'Armor. La CGT avait en effet appelé à la grève afin de protester contre le licenciement de Jimmy, boucher depuis 8 ans, licencié pour faute lourde, donc sans indemnité ni droit au chômage. Ce qu'on lui reproche ? Avoir déposé un emballage vide de godemiché sur la voiture du Directeur...

Licencié pour avoir déposé un emballage vide de godemiché sur la voiture du Directeur.

En mars dernier, le groupe CARREFOUR avait annoncé la suppression d'environ 2.400 postes dans le cadre d'un vaste plan de restructuration sociale, tandis que, dans le même temps, la direction accordait un parachute de 900.000 euros à Georges PLASSAT, son ancien patron, au titre de "ses bons bons résultats". On se souvient de la polémique déclenchée par ces annonces et des quelques 300 magasins qui étaient restés bloqués [NDRL : Georges PLASSAT a renoncé à son indemnité de départ suite à cette polémique].

C'est dans ce contexte de fortes tensions sociales que le 31 mars Jimmy, 27 ans, employé au rayon boucherie depuis 8 ans, a déposé sur la voiture du directeur du magasin de Langueux un emballage vide de sextoy sur lequel était inscrit "cadeau des syndicats". Un geste qui a motivé CARREFOUR a le licencier pour faute lourde, ce que contestent les syndicats.

Les syndicats dénoncent un licenciement pour l'exemple et réclament la réintégration.

Viviane BOULIN, déléguée CGT, a expliqué à Ouest-France ce Samedi que le Directeur "mettait en avant [dans sa lettre] que sa dignité aurait été bafouée par ce geste qualifié de 'choquant et ignoble'". Selon elle, ce licenciement fait office d'exemple.

"Aujourd'hui, c'est lui qui est viré, demain cela sera n'importe quelle personne qui contestera les décisions de Carrefour. Nous subissons les bas salaires et la dégradation permanente des conditions de travail avec des suppressions de postes depuis des années alors qu'une poignée d'actionnaires se gavent sur notre dos à coup de millions sans rien faire" explique-t-elle dans son appel à la réintégration de son collègue, licencié sans indemnité.

Un comportement inapproprié pour la Direction, justifiant la sanction.

Contactée, la Direction confirme les faits ainsi que la sanction, affirmant que "le contexte social ne peut pas justifier un tel geste. Le salarié a été licencié pour comportement inapproprié nuisant à l'entreprise et en totale opposition avec ses valeurs. Le directeur est très affecté. La situation humaine est compliquée de part et d'autre". 

Cependant, il faut rappeler qu'une faute ne peut être considérée comme une faute lourde que si et seulement si elle est commise de l'intention de nuire à l'employeur. En cas de contentieux, ce qui semble inévitable ici, ce sera donc à la Direction de Carrefour de prouver que Jimmy voulait délibérément nuire à son employeur. Reste à savoir si l'employeur doit être considéré comme le Groupe Carrefour ou comme la personne du Directeur, et si déposer un emballage vide de sextoy peut réellement être considéré comme une volonté de nuire...

On rappellera en effet que la jurisprudence retient les cas de faute lourde de manière très parcimonieuse, en cas de concurrence déloyale par exemple ou, dans le cas d'une grève, en cas de dégradation, de violence, de séquestration ou lorsque qu'un salarié empêche volontairement d'autres collègues non grévistes de travailler. 

A notre sens, l'acte de ce salarié relève davantage de la blague de potache, certes de mauvais goût, que d'une réelle volonté de faire du tord, d'une manière ou d'une autre, à Carrefour ou au Directeur de l'hypermarché de Langueux...