Chômage : à quand un "effet MACRON" sur le nombre de demandeurs d'emplois en France ? (2/2)
Les chiffres publiés par la DARES sont sans appel : en 2017, le chômage aura reculé en France de -0.1% (contre -3.0 % en 2017, soit le premier recul enregistré par Pôle Emploi depuis 2007). Le fameux "Effet MACRON" qui redonne confiance aux entreprises françaises, le sourire aux investisseurs étrangers et redore notre blason à l'international n'a pas encore eu lieu sur la courbe du chômage. Logique, sinon normal. Il s'agit d'un chantier d'importance, auquel le Président et la Ministre du Travail, Muriel PENICAUD, s'attaque par petites touches. Explications.
La courbe du chômage s'inverse... mais la pente reste trop faible.
L'INSEE publiera les chiffres du chômage du 4ème trimestre, plus fiables, mi-février. En attendant, il ressort des données statistiques de Pôle Emploi publiées par la DARES (institut de statistiques du gouvernement), que le 24 janvier la France comptait 3.451.400 demandeurs d'emploi sans aucune activité inscrits sur les listes de Pôle Emploi, soit une baisse de -0.45% sur l'année.
Attention cependant. Lorsqu'on ramène ces chiffres au fait qu'en réalité, ces chômeurs sans activité sont restés dans le giron de Pôle Emploi en enchaînant des contrats courts puisque le nombre d'inscrits dans les catégories A, B et C réunies a augmenté de 148.500 personnes l'an dernier, force est de constater que si la fameuse courbe du chômage s'est effectivement inversée, la peinte reste encore extrêmement faible et donc fragile...
Les réformes Macron n'ont pas concernées la lutte contre le chômage jusqu'à présent.
Force est de constater également que si le gouvernement d'Edouard PHILIPPE a lancé de nombreux chantiers en ce début de mandat, aucun ne concernait la lutte contre le chômage. Seule Muriel PENICAUD s'en est approchée, mais les principales mesures des ordonnances portant réforme du Code du Travail ont plutôt visées à apporter de la souplesse aux entreprises, en particulier en facilitant les licenciements (droit à l'erreur, cerfa de rupture, rupture conventionnelles collectives, barème aux prud'hommes...).
"Il ne faut pas attendre des ordonnances la solution du chômage massif en France. Cette réforme est seulement un des éléments de la solution, parmi beaucoup d'autres : réforme sur le marché des biens, sur le marché du travail, de la formation professionnelle, de la fiscalité qui est très dissuasive à l'investissement et surtout à l'investissement innovant" précisait au moment de la ratification des textes le Professeur Gilbert CETTE sur Europe 1.
2018 : une année de réformes et de restructuration de l'économie.
S'attaquer frontalement au chômage avec une grande réforme structurelle comme l'exigeaient certains aurait été beaucoup trop risqué. Emmanuel MACRON et son équipe ont préféré avancer par petites touches, en véritables gestionnaires de projet.
2018 sera donc une année riche en réformes de toutes sortes, réformes qui devraient avoir un réel impact sur le marché du travail si tout se passe comme le prévoit le Gouvernement, et en particulier Muriel PENICAUD et Edouard PHILIPPE.
En effet, dès le printemps les consultations lancées avec les partenaires sociaux fin 2017 sur l'assurance-chômage, la formation professionnelle et l'apprentissage devraient aboutir à un projet de loi, second étage d'une fusée visant à refondre le modèle social imaginé par Emmanuel MACRON.
Objectif avancé de cette nouvelle réforme : contrebalancer les ordonnances PENICAUD en apportant des protections supplémentaires et différentes aux salariés. Les effets devraient donc être très concrets pour les français : meilleure orientation des jeunes apprentis dès le lycée, simplification de l'accès à la formation continue, extension de l'assurance-chômage aux indépendants et aux démissionnaires (sous conditions pour ces derniers)...
Le principe qui sous-tend ce train de réforme est de viser une meilleure adaptation des compétences des salariés tout au long de leur vie professionnelles aux exigences et besoins réels des marchés et des entreprises. Ce qui sous-entend donc que les promesses de campagne du Candidat MACRON soient maintenues, les premières concessions en matière d'assurance chômage ayant déjà fait craindre le pire à certains.
Quoi qu'il en soit, les effets de ces réformes ne devraient pas se faire sentir immédiatement, l'INSEE prévoyant un taux de chômage à 9,4% mi-2018, c'est-à-dire un taux de chômage stable par rapport aux mois précédents.
Des effets attendus pour 2019.
Emmanuel MACRON l'a reconnu lui-même dans les colonnes du quotidien espagnol EL MUNDO fin décembre, expliquant notamment qu'il attendait "des résultats significatifs au bout de 18 à 24 mois" seulement sur le front du chômage. Un temps nécessaire selon lui à l'infusion des nouvelles règles du code du travail dans les entreprises.
Il est donc probable que 2018 soit "seulement" une année de transition. "Il y a de grandes chances pour que le chômage baisse moins vite en 2018. La fin de la prime à l'embauche, la réduction des contrats aidés et la baisse du niveau du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndrl)devraient détruire 120.000 emplois selon nos estimations, soit à peu près le même niveau que l'augmentation de la population active" analyse Eric HEYER, économiste à l'OFCE (Observatoire français des Conjonctures Economiques).
- avril 2020
- mars 2020
- 1er avril : allocations familiales, trêve hivernale... ce qui change et ce qui ne change pas
- Coronavirus : Peut on télécharger l'attestation dérogatoire sur son portable ?
- Coronavirus : Comment bénéficier de l'aide de 1500 € du fonds de solidarité. Premières informations.
- Coronavirus en entreprise : mode d'emploi pour les salariés et les employeurs
- Coronavirus : les entreprises sont-elles préparées à lutter face à l'épidémie ?
- février 2020