Surdité d’une salariée : condamnation d’une filiale Elior pour discrimination
« Nous ne tolérons aucune sorte de discrimination ». C’est ce qu’indique le groupe Elior sur son site internet. Et pourtant, les prud’hommes de Paris ont annulé, le 5 juillet 2018, le licenciement d’une salariée atteinte d’une déficience auditive.
Une déficience auditive qui ne justifie pas un licenciement...
Dans l’affaire de la filiale Elior, Kahina Mebrouki a été embauchée fin 2013 par Elior First Maintenance Company (EFMC) en qualité d’hôtesse d’accueil. Elle est atteinte de surdité qui lui vaut un taux d’invalidité supérieur à 80 %. Elle a été affectée au Musée Branly à Paris où elle a pour mission d’orienter les visiteurs, tenir le vestiaire et aiguiller les appels téléphoniques.
Peu après avoir été recrutée, elle a demandé des outils de travail adaptés à son handicap, en particulier un appareil téléphonique pour malentendants. Or, cette requête est restée sans effet, bien qu’elle ait été acceptée, sur le principe, par l’employeur.
Au bout de quelques mois, l’état de santé de la salariée s’est dégradé. Il a été mis en exergue qu’elle n’avait pas obtenu l’équipement demandé et qu’elle utilisait régulièrement un talkie-walkie. Ce qui a été démenti par Elior.
La salariée a fait l’objet de plusieurs arrêts de travail ainsi que d’un mi-temps thérapeutique. Et de fil en aiguille, elle a été affectée uniquement au vestiaire situé au sous-sol, ce que la salariée a mal vécu. Et à cela s’est ajouté des remarques vexatoires.
Elle a donc été licenciée par la filiale Elior. Or, la Société EFMC a été condamnée le 5 juillet pour avoir licencié la salarié en situation de handicap. Pour cela, elle doit réintégrer la victime, si celle-ci en formule la demande (ce qui est peu probable), et lui verser des dommages et intérêts (soit un peu plus de 60 000 euros).
Déficience auditive : un complexe en entreprise encore tabou…
Deux millions de salariés seraient malentendants en France. Beaucoup préfèrent cacher leur handicap au risque de se mettre en danger, alors qu’ils pourraient bénéficier d’aides.
Par honte ou par crainte de conséquences, beaucoup de malentendants passent leurs difficultés sous silence au travail. A titre d’exemple, une responsable des ressources humaines d’un établissement public raconte qu’un salarié a longtemps retiré ses prothèses avant d’entrer au bureau. Au point de risquer le licenciement, ses managers lui reprochant de ne pas respecter des consignes, alors qu’il ne les entendait pas.
Beaucoup de malentendants ont également du mal à accepter l’idée d’être atteint d’un handicap. La demande de reconnaissance comme travailleur handicapé, simple étape administrative, apparaît comme une épreuve.
Alors que la démarche ouvre pourtant droit aux remboursements des frais d’appareillage, par l’Agefiph, les fonds pour l’insertion des personnes handicapées ou directement par certaines entreprises. Il faut avoir à l’idée que la reconnaissance ne fait pas du salarié un invalide mais au contraire donne les moyens de faire son travail. Dans l’affaire Elior, la société ne semble pas avoir octroyé les moyens à la salariée de faire son travail...ce qui est fort regrettable.
Même si la loi du 11 février 2005 oblige les entreprises de plus de 20 salariés à embaucher au minimum de travailleurs reconnus handicapés, certaines entreprises ne sont pas encore adaptées à ce handicap…
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